J’ouvre les yeux. Le soleil inonde ma chambre, la journée commence bien. Après les préparatifs de départ qui me prennent une éternité (je n’ai pas encore établi le processus le plus efficient), je démarre enfin… pour arrêter une centaine de mètres plus loin à l’observatoire de l’Anse au Persil. La marée basse me fait découvrir le côté caché du fleuve.
Je repars et mon esprit vagabonde…
Un des aspects agréables de la conduite moto c’est la stimulation de notre odorat. Je me rappelle un soir récent, à Québec, il faisait chaud et les lilas embaumaient. Je n’étais qu’un nez sur deux roues qui voguait à travers la ville. Malheureusement, le couvre-feu de Lego avait mis fin trop tôt à cette soirée parfaite.
Aujourd’hui, ce sont les champs fraîchement fauchés qui titillent mes narines... jusqu’à ce que je côtoie, pendant quelques centaines de mètres, un camion contenant des carcasses animales en putréfaction. Je ne les ai pas vue mais... je les ai senties.
Bon, l’un ne va pas sans l’autre et l’odeur du foin mérite cette contrepartie.
Un petit arrêt à l’île verte où j’y admire ma fleur préférée, la berce du Caucase. Hautement toxique mais... si jolie.
Le Québec, c’est aussi notre patrimoine religieux. À chaque nouveau village j’admire, en passant, son église. Celles-ci me semblent souvent disproportionnées par rapport à la petite population. Que d’efforts, que d’argent, ont été consacrés à la construction de ces monuments. Je dois avouer que mes préférences vont aux chapelles plus simples, plus près de sa population, comme l’église de Notre-Dame des Neiges, construite en 1906.
Une petite route se présente à ma gauche. Curieuse, je décide d’aller voir ce qui se cache au bout. Et bien...c’est tout simplement mon nouvel endroit préféré au Québec, St-Fabien-sur-Mer. J’y vivrais, j’y rêverais...
En repartant… une nouvelle petite route à ma gauche. Je me retrouve au belvédère Raoul-Roy d’où on obtient une vue imprenable du fleuve et des environs. Encore un détour qui en valait la peine. À ce rythme là, je roule environ 6 heures par jour et je réussi à faire un gros 200 km. Je pourrais faire le tour de la Gaspésie en deux jours, mais je préfère prendre mon temps et découvrir ces endroits merveilleux.
Je roule jusqu’à Ste-Luce et m’installe sur la promenade de la plage de l’Anse-aux-Coques. Je déballe mon dîner. Ce midi, je vais déguster un fromage frotté à la bière et de l’esturgeon fumé achetés à la Fromagerie des Basques. J’ajoute une bière de la microbrasserie de l’Octant et j’admire le panorama. Que demander de plus …
Je repars. J’ai décidé de découvrir la Gaspésie par son flanc droit. Je veux m’approcher tranquillement de mon but, tout en caressant la route deci delà pour en découvrir tous les trésors cachés. Ainsi, à partir de Carleton-sur-Mer, j’aurai toujours la mer tout près sur ma droite, et j’aurai le plaisir de découvrir le Rocher Percé comme par accident, lorsqu’il surgira devant moi au détour d’une courbe, au lieu de le voir au loin pendant des heures avant d’y arriver si j’y allait dans le sens horaire.
C’est donc à Ste-Flavie, la porte d’entrée de la Gaspésie, que tout se décide. Je tourne à droite. Mont-Joli et son troupeau de moutons sculptés m’interpellent. Une petite photo et je continue.
Les villages se succèdent. Ste-Angèle de Mérici, Saint-Moïse, Sayabec où j’ai un choc en voyant un immense lac apparaître devant mes yeux. C’est le majestueux lac Matapédia, joyau de la vallée. Le belvédère de Val-Brillant m’en offre une vue encore plus saisissante.
Les paysages de la vallée de La Matapédia sont bien différents de ceux du bord de mer. Paysages champêtres et vallonnés, plus tranquilles, bucoliques.
Je dois avouer toutefois que j’apprécie moins la route. Le trafic est plus rapide, plus dense, plus pressé. C’est que de Québec à Ste-Flavie, les « pressés » empruntent la 20 et laissent la 132 aux vacanciers. Mais ici... il n’y a qu’une seule route à partager entre « pressés » et vacanciers. Alors, régulièrement, je me range sur le bas côté et laisse passer ces gens qui me rappellent le businessman du Petit Prince.
Je préfère, tout doucement, profiter de la vue, de la vie...
La température qui était si clémente commence à se rafraîchir et moi... je suis fatigué. Alors, escale à Causapscal pour la nuit. J’ai déjà mon plan pour demain matin. J’ai hâte de vous le faire découvrir….
コメント